Quelque chose de très différent aujourd’hui, en attendant la publication de bonnes nouvelles concernant les prochaines cuisinières.
J’ai eu l’occasion de participer à la fin de l’automne dernier à un chantier participatif au sein d’un lieu de vie collectif près de chez moi. Ce chantier consistait à créer, dans un coin d’ancienne étable, un sauna pouvant profiter aussi bien aux habitants du lieu ainsi qu’aux personnes de passage.
Le cahier des charges comprenait notamment l’utilisation (autant que faire se peut) de matériaux de récupération afin de limiter le plus possible les dépenses.
Pour la réalisation du poêle destiné à chauffer le sauna, les habitants du lieu avaient initialement simplement envisagé d’assembler deux anciens poêles ayant été précédemment utilisés sur le lieu, l’un étant réalisé à partir d’un ancien ballon d’eau chaude et l’autre à partir d’un baril en métal.

Après avoir pris les diverses dimensions des deux anciens poêles, une bien meilleure idée m’est venue…
L’assemblage du baril (placé à l’horizontale) et du ballon (placé à la verticale) était effectivement juste assez grand pour pouvoir y maçonner un cœur de chauffe de type « Batch Box » en 150 mm nominal. Le baril contiendrait ainsi le foyer, et le ballon le « riser » (ou « cheminée interne »).


La partie haute convexe du ballon serait alors découpée et ressoudée à l’envers afin de devenir concave et pouvoir contenir des pierres, et serait chauffée à très haute température par la sortie du riser située directement au-dessous. Les gaz retomberaient alors tout autour du riser, chauffant au passage un serpentin de cuivre alimentant le jacuzzi de la pièce adjacente, avant d’être évacués vers la fumisterie.

Pour la réalisation et pour éviter d’avoir à acheter des matériaux neufs, j’ai utilisé les restes de mon chantier de cuisinière précédent : une quinzaine de briques réfractaires denses, une dizaine de briques réfractaires isolantes, diverses chutes de briques, de panneaux de fibres céramiques compressées, et la fin d’un seau de Refracol déjà entamé.
J’ai d’abord maçonné le foyer avec le plus de briques entières possibles, en utilisant prioritairement les briques denses (plus résistantes aux chocs et à l’abrasion) en partie basse, et les briques isolantes plus fragiles en partie haute.

J’ai ensuite plafonné le foyer avec 2 couches de panneau de fibres céramiques compressées, et ai utilisé le même matériau pour réaliser le riser. Afin que ce dernier ne s’écartèle pas lors de la chauffe, je l’ai entouré d’une trame de fibre de verre que j’ai agrafée puis enduite de Refracol. Une fois mis en place, j’ai renforcé le maintien de ce dernier en maçonnant toutes les chutes de briques qu’il me restait près de sa base.

Le baril du bas a alors pu être mis en place, et les différents vides entre le foyer maçonné et le baril ont été comblés de mortier « pauvre » (pierres et briques concassées, argile, sable, chaux…).


Enfin, l’ancien ballon, dans lequel avait préalablement été enroulé le serpentin de cuivre, a été mis en place puis soudé au baril du bas.

La semaine de chantier participatif s’achevant ainsi, il s’est écoulé plusieurs semaines avant que je ne revienne sur place début janvier. Pendant ce temps, le raccordement du jacuzzi et surtout l’aménagement de la pièce du sauna (isolation et revêtements muraux, enduits, « bancs » en bois, revêtements de sol…) ont été réalisés par le maître des lieux.
Lorsque j’ai été invité pour l’inauguration du sauna, j’ai alors découvert une pièce entièrement transformée avec goût !


Le sauna tient entièrement ses promesses, le poêle fonctionnant comme prévu même s’il s’agissait là d’un concept complètement expérimental (j’avais cherché pour voir si d’autres personnes avaient eu l’idée d’utiliser un batch box pour chauffer une coupelle remplie de pierre, mais il semblait bien que je sois le premier).
Avant de profiter du sauna, il faut brûler environ 3 charges complètes du foyer pour pré-chauffer le poêle, les pierres, la pièce et ses parois. À ce stade, il fait déjà une coquette température d’environ 60°C. Une fois ces 3 charges entièrement consumées, on peut commencer à utiliser le sauna, en rechargeant régulièrement le foyer pour prolonger la session. Il faut alors régulièrement arroser les pierres chaudes de quelques cuillères d’eau, ce qui a pour effet de faire monter très rapidement la pièce entre 70°C et plus de 90°C selon la quantité et la fréquence d’arrosage !
